Démarche artistique

Démarche Artistique :

Comme dans la vie qui n’est pas linéaire, la toile parle d’émotions, d’histoires vécues avec leurs ralentissements et leurs accélérations… Ce qui est vécu à l’intérieur se matérialise à l’extérieur.
« Sa peinture est atmosphérique, organique avec des craquements apparents, des traces. Ce sont des éléments qui vont jouer dans la circulation de l’énergie présente dans la toile. Ils sont des caractères primordiaux qui impulsent le mouvement, propositions parfois complémentaires, parfois contradictoires. »

Caroline Canault, critique d’Art.

Le procédé :

Je cherche l’émotion que donnent une couleur, une matière, un mouvement : je prends conscience d’un état émotionnel et je le laisse se révéler sur la toile. J’en observe le changement en fonction des interactions créées par le pinceau, parfois très liquide, ou inversement le couteau chargé de matière. Parfois mes doigts glissent avec frénésie. Une certaine liberté se retrouve par la confrontation d’empâtements affirmés aux couleurs vives, et du liquide accidentel. Je recherche également la lumière se frayant un chemin par l’emploi de touches juxtaposées qui créent une vibration.

La peinture joue et révèle force et douceur. Comme une sorte d’union et de répulsion. C’est par dépassements successifs des contradictions que s’opère le mouvement de tout le devenir.
C’est un duel qui commence toujours de l’obscurité vers la lumière (la conscience). Tantôt avec douceur, tantôt avec excès, la toile se stratifie de superpositions comme une terre s’enrichit d’histoire.

Le jeu avec la toile :

Pour moi la peinture est un jeu où il y a un « débat » avec la toile.  Un 1er plan répond à ce que veut exprimer le fond. L’un influence l’autre et lorsqu’il  y a une part égale d’interrelation cela s’annule. Alors je dois prendre le parti de l’un ou de l’autre pour créer le déséquilibre et ainsi construire une approche vivante.
Les masses dirigent le mouvement tel des rochers qui, dans un ruisseau, influencent la circulation de l’eau. Cette circulation représente le chemin ou le message ou encore l’action qui se produit. Et dans tout cela, l’histoire se ponctue, de barrages, d’accents, d’interrogations, de freins, d’enthousiasme, d’espoir… Je peins comme si je racontais un conte

Et tous ces plans vont se confronter jusqu’à ce que la toile trouve son autonomie.

Pourquoi l’abstraction ?

Ma recherche s’est tournée vers l’abstraction puisque celle-ci permet de se focaliser sur l’énergie en soi, empreinte volatile captée dans un univers bien réel. Ce façonnage personnel et concret met en relief l’expression de l’universel : Ce que l’on voit et ce qui est invisible. Tout comme le cri d’Édouard Munch va au delà. L’abstraction n’est pas une histoire de sujet mais l’expression de plans autres que physiques. Les éléments servent à construire cette expression universelle.

 

Les émotions, point de base de tous les sujets :

Je puise mes sujets dans tout ce qui fait vibrer nos sens : La musique, la vision d’un paysage, le goût d’une épice, le parfum d’une rose, le piquant de son épine…. C’est à partir de nos cinq sens que nous entrons dans l’émotion. Et c’est mon ressenti que je cherche à peindre et surtout son évolution.

Les émotions ne sont que des informations. Elles nous renseignent sur nos états et surtout nous permettent d’évoluer en changeant d’état ! En peinture, je cherche à représenter l’énergie interne du corps. Il est traversé par des états émotionnels ou des réflexions : Une température, un rythme, une direction qui part du fond (l’inconscient) pour venir à l’avant (la conscience). Le corps devient un paysage et je tente d’en peindre le climat et les divers éléments qui interagissent à l’intérieur.

Les éléments :

Ils sont la représentation ou l’expression du sujet. Toutes les émotions se retrouvent dans ces structures, l’eau, le feu, la terre, l’air et l’éther, (l’énergie de vie qui les lie, en somme). Ces éléments font partie intégrante de notre corps et entrent en mouvement dès lors qu’ils sont traversés par nos pensées, nos états émotionnels.

Importance de la méditation pour la peinture. La peinture comme méditation :

La méditation permet l’observation intérieure de son propre ressenti et du trajet que parcours l’énergie dans le corps. Ses accents sa vitesse, son poids, sa force…
Elle permet aussi  de mettre en éveil ses sens pour une écoute du monde dans lequel on vit. On devient le témoin de ce qui est.

Un regard sur la loi de cause à effet – la réalité et l’optimisme

La simultanéité de la cause à effet :

C’est  toujours la loi de cause à  effet qui amène le mouvement. Et c’est  ce mouvement qui m’intéresse et vers quoi il mène. Lorsqu’on observe les masses alors on voit apparaître le sujet. La création des formes et l’acceptation des vides, amènent le contenu émotionnel ainsi que le temps dans lequel il s’inscrit.
C’est une peinture aux formes entremêlées qui évoque le processus de conscience montrant que rien n’est figé. Le renouvellement déstructuré est restructuré. Comme une spirale évolutive le temps inscrit des arrêts ou des ralentis qui s’effacent  par l’immédiateté des changements inévitables. La seule constante est que seul le changement est certain. Et l’impermanence est  la seule base solide sur laquelle on peut s’appuyer.

L’optimisme :

Ainsi les tourments, les difficultés de la vie peuvent trouver leur lumière, déjà par l’acceptation de ce qui est. Et puis c’est en traversant nos ombres que nous pouvons trouver des sorties qui nous amènent vers autre chose.
Alors pourquoi tourner le sujet de la pensée vers une recherche plastique esthétique ou s’apparentant à  du réel, des éléments, de la nature ? Parce que le beau touche le cœur, et que le cœur, cet organe muni aussi de neurones, peut changer l’artiste et le monde.